Citations - Simone Weil

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Simone Weil (1909 - 1943), philosophe française.

Sommaire

Œuvres

Attente de Dieu

  • La création est de la part de Dieu un acte non pas d'expansion de soi, mais de retrait, de renoncement. Dieu et toutes les créatures, cela est moins que Dieu seul.

Cahier II

  • La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification.

Carnets

  • J'ai eu soudain la certitude que le christianisme est par excellence la religion des esclaves, que les esclaves ne peuvent pas ne pas y adhérer, et moi parmi les autres.

L'enracinement

  • Un homme qui serait seul dans l'univers n'aurait aucun droit, mais seulement des obligations.

La connaissance surnaturelle

  • L'enfer c'est de s'apercevoir qu'on n'existe pas et de ne pas y consentir.
  • La contemplation du temps est la clef de la vie humaine.
  • La joie est notre évasion hors du temps.
  • Le temps est notre supplice. L'homme ne cherche qu'à y échapper, c'est-à-dire échapper au passé et à l'avenir en s'enfonçant dans le présent, ou se fabriquer un passé ou un avenir à sa guise.
  • Nous vivons ici-bas dans un mélange de temps et d'éternité. L'enfer serait du temps pur.

La pesanteur et la grâce

  • Accepter le mal qu'on nous fait comme remède à celui que nous avons fait.
  • C'est un grand danger d'aimer Dieu comme un joueur aime le jeu.
  • Ce monde est la porte d'entrée. C'est une barrière. Et, en même temps, c'est le passage.
  • Dans le domaine de l'intelligence, la vertu d'humilité n'est pas autre chose que le pouvoir d'attention.
  • Dès qu'on a pensé quelque chose, chercher en quel sens le contraire est vrai.
  • Dieu ne peut être présent dans la création que sous la forme d'absence.
  • Entre deux hommes qui n'ont pas l'expérience de Dieu, celui qui le nie en est peut-être le plus près.
  • L'homme voudrait être égoïste et ne peut pas. C'est le caractère le plus frappant de sa misère et la source de sa grandeur.
  • L'obéissance à un homme dont l'autorité n'est pas illuminée de légitimité, c'est un cauchemar.
  • La beauté, c'est l'harmonie du hasard et du bien.
  • La beauté séduit la chair pour obtenir la permission de passer jusqu'à l'âme.
  • La nécessité est l'écran mis entre Dieu et nous pour que nous puissions être. C'est à nous de percer l'écran pour cesser d'être.
  • La pureté est le pouvoir de contempler la souillure.
  • La vulnérabilité des choses précieuses est belle parce que la vulnérabilité est une marque d'existence.
  • Le beau est ce qu'on ne peut pas vouloir changer.
  • Mort. État instantané, sans passé ni avenir. Indispensable pour l'accès à l'éternité.
  • On meurt pour ce qui est fort, non pour celui qui est faible. Mourir pour ce qui est fort fait perdre à la mort son amertume.
  • Parmi les êtres humains, on ne reconnaît pleinement l'existence que de ceux qu'on aime.
  • Toute douleur qui ne détache pas est de la douleur perdue.
  • Toute forme de récompense constitue une dégradation d'énergie.


Leçon de philosophie

  • On peut, si on veut, ramener tout l'art de vivre à un bon usage du langage.
  • Toutes les tragédies que l'on peut imaginer reviennent à une seule et unique tragédie : l'écoulement du temps.

Oppression et liberté

  • Il n'y a qu'une seule et même raison pour tous les hommes ; ils ne deviennent étrangers et impénétrables les uns aux autres que lorsqu'ils s'en écartent.
  • On pense aujourd'hui à la révolution, non comme à une solution des problèmes posés par l'actualité, mais comme à un miracle dispensant de résoudre les problèmes.
  • Plus le niveau de la technique est élevé, plus les avantages que peuvent apporter des progrès nouveaux diminuent par rapport aux inconvénients.

Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale

  • Le mot de révolution est un mot pour lequel on tue, pour lequel on meurt, pour lequel on envoie les masses populaires à la mort, mais qui n'a aucun contenu.
  • On dit souvent que la force est impuissante à dompter la pensée ; mais pour que soit vrai, il faut qu'il y ait pensée. Là où les opinions irraisonnées tiennent lieu d'idées, la force peut tout.

Attribuées

  • Accepter d'être soumis à la nécessité et n'agir qu'en la maniant.
  • Aimer la vérité signifie supporter le vide, et par suite accepter la mort. La Vérité est du côté de la mort.
  • Aimer un étranger comme soi-même implique comme contrepartie : s'aimer soi-même comme un étranger.
  • Aimer un être, c'est tout simplement reconnaître qu'il existe autant que vous.
  • Argent, machinisme, algèbre ; les trois monstres de la civilisation actuelle.
  • Dans un poème, si l'on demande pourquoi tel mot est à tel endroit, et s'il y a une réponse, ou bien le poème n'est pas de premier ordre, ou bien le lecteur n'a rien compris.
  • Devoir de comprendre et de peser le système de valeurs d'autrui, avec le sien, sur la même balance. Forger la balance.
  • Dieu ne juge pas : par lui les êtres se jugent.
  • J'ai beau mourir, l'univers continue. Cela ne me console pas si je suis autre que l'univers. Mais si l'univers est à mon âme comme un autre corps, ma mort cesse d'avoir pour moi plus d'importance que celle d'un inconnu.
  • L'amour a besoin de réalité. Aimer à travers une apparence corporelle un être imaginaire, qui de plus atroce, le jour où l'on s'en aperçoit ? Bien plus atroce que la mort, car la mort n'empêche pas l'aimé d'avoir été.
  • L'amour est un signe de notre misère. Dieu ne peut aimer que soi. Nous ne pouvons aimer qu'autre chose.
  • L'amour instruit les dieux et les hommes, car nul n'apprend sans désirer apprendre.
  • L'avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c'est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même.
  • La pensée fuit le malheur aussi promptement, aussi irrésistiblement qu'un animal fuit la mort.
  • La plénitude de l'amour du prochain, c'est simplement d'être capable de lui demander : « Quel est ton tourment ? »
  • La politique m'apparaît comme une sinistre rigolade.
  • Le chrétien est un mauvais païen, converti par un mauvais juif.
  • Le mal est à l'amour ce que le mystère est à l'intelligence.
  • Le malheur contraint à reconnaître comme réel ce qu'on ne croit pas possible.
  • Le présent, nous y sommes attachés. L'avenir, nous le fabriquons dans notre imagination. Seul le passé, quand nous ne le refabriquons pas, est réalité pure.
  • Le triomphe de l'art est de conduire à autre chose que soi.
  • Les opprimés en révolte n'ont jamais réussi à fonder une société non oppressive.
  • Nous ne possédons rien au monde - car le hasard peut tout nous ôter - sinon le pouvoir de dire « je ».
  • Rien au monde ne peut empêcher l'homme de se sentir né pour la liberté. Jamais, quoi qu'il advienne, il ne peut accepter la servitude ; car il pense.
  • Rien n'est jamais à l'abri du destin. N'admire jamais le pouvoir, ne hais pas l'ennemi, ne méprise pas celui qui souffre.
  • Tout ce qui est volontaire est bon. L'esclavage est le seul mal.
  • Tout vide non accepté produit de la haine, de l'aigreur, de l'amertume, de la rancune. Le mal qu'on souhaite à ce qu'on hait, et qu'on image rétablit l'équilibre.
  • Toutes les fois qu'on fait vraiment attention, on détruit du mal en soi.
  • Un critérium du réel, c'est que c'est dur et rugueux. On y trouve des joies, non de l'agrément. Ce qui est agréable est rêverie.