Citations - Maurice Maeterlinck
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Maurice Maeterlinck (1862 - 1949), écrivain belge.
Œuvres
Aglavaine et Sélysette
- Il n'y a rien de plus beau qu'une clef, tant qu'on ne sait pas ce qu'elle ouvre.
- Il n'y a rien qui soit plus menaçant que le bonheur, et chaque baiser qu'on donne peut éveiller un ennemi.
- Il y a des choses qu'on ne peut dire qu'en embrassant... parce que les choses les plus profondes et les plus pures peut-être ne sortent pas de l'âme tant qu'un baiser ne les appelle.
Âme de nuit
- Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d'être lasse,
Elle est lasse enfin d'être en vain.
Elle est triste et lasse à la fin
Et j'attends vos mains sur ma face.
Devant Dieu
- En cherchant Dieu je le crée ; et en le créant, je deviens ce qu'il est.
- Je regarde avec stupéfaction ceux qui demeurent optimistes jusqu'à la fin de leur vie. Si j'étais Dieu, et si j'avais son âge, je serais découragé.
- L'éternité n'est et ne sera jamais autre chose que le moment où je suis.
- Moins est visible le Dieu que nous prions, plus il ressemble au Dieu que nous verrons un jour.
- Nous comprendrons toujours assez difficilement qu'il soit nécessaire de mourir pour devenir immortel.
- Si l'homme était cent fois plus intelligent, cent fois meilleur, Dieu serait à l'instant même cent fois plus intelligent, cent fois meilleur que l'homme.
- Supposer que Dieu puisse entrer dans notre entendement est le plus grand blasphème.
La grande loi, la gravitation universelle et la force centripète
- Il est assez probable qu'une descente au centre de la terre, si, grâce à je ne sais quelles découvertes, elle devenait un jour possible, nous révélerait sur la gravitation, noyau de toutes les énigmes, plus secrets cosmiques qu'un voyage dans la lune.
- Le mot éther est comme le mot Dieu ; il masque et déguise somptueusement ce que nous ignorons.
- Les mondes tombent ou montentet rencontrent parfois dans l'immense désert, de millénaire en millénaire, un autre monde qui les attire. Est-ce là toute la tragédie de l'espace et de l'éternité ?
- Rien n'ayant été créé, rien ne pourra jamais être créé. L'Univers ne pourra jamais être augmenté ou diminué. Ce qu'on lui enlèverait ne le quitterait point, ce qu'on ajouterait serait déjà en lui.
- Si les astres étaient immobiles, le temps et l'espace n'existeraient plus.
- Un Dieu qui d'un seul coup voudrait anéantir les mondes, n'aurait qu'à enlever à la matière sa force d'attraction. À l'instant tout se dissoudrait dans ce que nous ne pourrions plus appeler l'espace, puisqu'il n'y aurait plus d'espace, attendu que seuls les mouvements et les déplacements de la matière créent son existence.
La sagesse et la destinée
- Il n'arrive jamais de grands événements intérieurs à ceux qui n'ont rien fait pour les appeler à eux ; et cependant le moindre accident de la vie porte en lui la semence d'un grand événement intérieur.
- On devrait pouvoir dire qu'il n'arrive aux hommes que ce qu'ils veulent qu'il leur arrive.
- On est heureux quand on a dépassé l'inquiétude du bonheur.
- Si la trahison n'a pas accru la simplicité, la confiance plus haute, l'étendue de l'amour, on vous aura trahi bien inutilement, et vous pourrez vous dire qu'il n'est rien arrivé.
- Si vous aimez, ce n'est pas cet amour qui fait partie de votre destinée ; c'est la conscience de vous-même que vous aurez trouvée au fond de cet amour qui modifiera votre vie.
La vie des abeilles
- Il est puéril de se demander où vont les choses et les mondes. Ils ne vont nulle part et ils sont arrivés.
La vie des termites
- L'intelligence est la faculté à l'aide de laquelle nous comprenons finalement que tout est incompréhensible.
- La monographe d'un insecte, surtout un insecte aussi singulier, n'est en somme que l'histoire d'une peuplade inconnue, d'une peuplade qui semble par moments originaire d'une autre planète, et cette histoire demande à être traitée de la même façon méthodique et désintéressée que l'histoire des hommes.
- Les années apprennent peu à peu, à tout homme, que la vérité seule est merveilleuse.
- Nous n'avons pas d'exemple, en nos annales, qu'une république réelement démocratique ait duré plus de quelques années sans se décomposer et disparaître dans la défaite ou la tyrannie, car nos foules ont, en politique, le nez du chien qui n'aime que les mauvaises odeurs. Elles ne choisissent que les moins bons et leur flair est presque infaillible.
- On dirait que ces cités d'insecte qui nous précédèrent dans le temps ont voulu nous offrir une caricature, une parodie anticipée des paradis terrestres vers lesquels s'acheminent la plupart des peuples civilisés ; et l'on dirait surtout que la nature ne veut pas le bonheur.
Le double jardin
- S'il est incertain que la vérité que vous allez dire soit comprise, taisez-la.
Le trésor des humbles
- Le silence est l'élément dans lequel se forment les grandes choses, pour qu'enfin elles puissent émerger, parfaites et majestueuses, à la lumière de la vie qu'elles vont dominer.
- Les âmes se pèsent dans le silence, comme l'or et l'argent se pèsent dans l'eau pure, et les paroles que nous prononçons n'ont de sens que grâce au silence où elles baignent.
Pelléas et Mélisande
- C'était un pauvre petit être mystérieux, comme tout le monde...
- Il faut dire la vérité à quelqu'un qui va mourir... il faut qu'il sache la vérité, sans cela il ne pourrait pas dormir...
- Je ne sais pas ce que je dis... Je ne sais pas ce que je sais... Je ne dis plus ce que je veux...
- [...] Les vieillards ont besoin de toucher quelquefois, de leurs lèvres, le front d'une femme ou la joue d'un enfant, pour croire encore à la fraîcheur de la vie et éloigner un moment les menaces de la mort.
- [...] Nous ne voyons souvent que l'envers des destinées...
- Si j'étais Dieu, j'aurais pitié du cœur des hommes...
Treize chansons de l'âge mûr
- Ne cultivons pas notre peine,
L'éternité s'en chargera.
- Quand on n'a pas ce que l'on aime,
Il fait aimer ce qu'on n'a pas.
Attribuées
- Allez où vos yeux vous mènent,
Dieu les fermera demain.
- Encore des fous qui passent...
Ils vont on ne sait où...
Et nous suivrons leurs traces
S'ils sont plus fous que nous...
- Ils croient que rien n'arrivera parce qu'ils ont fermé la porte.
- Ils me font sourire ceux qui parlent sérieusement de leur avenir. Leur avenir est dans la tombe.
- La peur de la mort est l'unique source des religions.
- Le passé est toujours présent.
- Les années apprennent peu à peu, à tout homme, que la vérité seule est merveilleuse.
- On n'a que le bonheur qu'on peut comprendre.
- On s'endort enfant et l'on se réveille vieillard. On fait le tour de son berceau et l'on se trouve au bord de sa tombe.
- Quand on a remonté sa montre, est-ce du temps que l'on crée, ou l'heure de la mort qu'on nourrit ?
- Quelqu'un qui, depuis sa naissance, n'aurais jamais vu la mort, à qui l'on n'en aurait jamais parlé, en aurait-il l'idée ?
- Savons-nous ce que serait une humanité qui ne connaîtrait pas la fleur?
- Une vertu n'est qu'un vice qui s'élève au lieu de s'abaisser ; et une qualité n'est qu'un défaut qui sait se rendre utile.