Citations - Joseph Joubert
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Joseph Antoine René Joubert (1754 - 1824), écrivain français.
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Œuvres
Carnets
- Au lieu de me plaindre de ce que la rose a des épines, je me félicite de ce que l'épine est surmonté de roses.
- Avoir connaissance d'un fait n'est pas avoir le droit de le publier. Et savoir un fait n'est pas en avoir la connaissance.
- Certains critiques ressemblent assez à ces gens qui, toutes les fois qu'ils veulent rire, montrent de vilaines dents.
- Cette philosophie qui s'occupe perpétuellement ce qu'il faut croire, et jamais de ce qu'il faut faire, ni de ce qu'il faut être.
- Il entre, dans toute espèce de débauche, beaucoup de froideur d'âme. Elle est un abus réfléchi et volontaire du plaisir.
- Il est des esprits semblables à ces miroirs convexes ou concaves qui représentent les objets tels qu'ils les reçoivent, mais qui ne les reçoivent jamais tels qu'ils sont.
- Il ne suffit pas, pour écrire, d'attirer l'attention et de la retenir. Il faut encore la satisfaire.
- Il y a des esprits qui vont à l'erreur par toutes les vérités ; il en est de plus heureux qui vont aux grandes vérités par toutes les erreurs.
- Il y a mille moyens de dire ce qu'on pense et un seul de dire ce qui est.
- L'exception est de l'art aussi bien que la règle, l'une en défend et l'autre en étend le domaine.
- L'illusion est une partie intégrante de la réalité, elle y tient essentiellement comme l'effet tient à la cause.
- La crédulité se forge plus de miracles que l'imposture ne peut en inventer.
- La vie entière est employée à s'occuper des autres. Nous en passons une moitié à les aimer, l'autre moitié a en médire.
- Le corps est la baraque où notre existence est campée.
- Le doute est en effet un état de balancement ou une espèce d'équilibre où les enfants ne peuvent pas se tenir.
- Le pouvoir est une beauté ; il fait aimer aux femmes la vieillesse même.
- Le raisonnement n'est bon que dans les matières où nous n'y voyons goutte. C'est le vrai bâton de l'aveugle.
- Le reflet est pour les couleurs ce que l'écho est pour les sons.
- Le style oratoire a souvent les inconvénients de ces opéras dont la musique empêche d'entendre les paroles : ici les paroles empêchent de voir les pensées.
- Les mots sont comme des verres qui obscurcissent tout ce qu'ils n'aident pas à mieux voir.
- Les révolutions sont des temps où le pauvre n'est pas sûr de sa probité, le riche de sa fortune et l'innocent de sa vie.
- Non, l'homme n'est pas né pour connaître, mais nous y sommes destinés.
- Nous perdons toujours l'amitié de ceux qui perdent notre estime.
- On pense avec précipitation et on s'exprime avec soin, avec étude, avec effort. C'est un défaut du siècle.
- Parler plus bas pour se faire mieux écouter d'un public sourd.
- Que ce qui vous est promis en songe arrive en songe !
- Quiconque n'est jamais dupe n'est pas ami.
- Quoi qu'on en dise, c'est au visage qu'il faut regarder les hommes, mais il ne faut pas prendre leur masque pour leur visage.
- Rien n'est pire au monde qu'un ouvrage médiocre, qui fait semblant d'être excellent.
- Rien ne fait autant honneur à une femme que sa patience et rien ne lui fait si peu d'honneur que la patience de son mari.
- Se tromper est un petit malheur, mais s'égarer en est un grand.
- Toutes les passions aiment ce qui les nourrit : la peur aime l'idée du danger.
Pensées
- À quoi sert la pudeur ? Elle sert à paraître plus belle quand on est belle et à paraître moins laide quand on l'est.
- Appelons hommes de génie ceux qui font vite ce que nous faisons lentement.
- Avant d'employer un beau mot, faites-lui une place.
- Ayons le cœur haut, et l'esprit modeste.
- C'est la force et le droit qui règlent toutes choses dans le monde ; la force, en attendant le droit.
- C'est un bonheur, une grande fortune d'être né bon.
- Certaines gens, quand ils entrent dans nos idées, semblent entrer dans une hutte.
- Ceux qui ne se rétractent jamais s'aiment plus que la vérité.
- Combien de gens ne sont abstraits que pour paraître profonds.
- Dans la gloire, il y a toujours du bonheur.
- Dieu est le lieu où je ne me souviens pas du reste.
- Êtes-vous pauvre ? Signalez-vous par des vertus.
Êtes-vous riche ? Signalez-vous par des bienfaits.
- Excelle, et tu vivras.
- Ferme les yeux et tu verras.
- Heureux ceux qui ont une lyre dans le coeur, et dans l'esprit une musique qu'exécutent leurs actions !
- Il est impossible de devenir très instruit si on ne lit que ce qui plaît.
- Il faut faire du bien lorsqu'on le peut, et faire plaisir à toute heure.
- Il faut qu'un ouvrage de l'art ait l'air non pas d'une réalité, mais qu'une idée.
- Il faut se piquer d'être raisonnable, mais non pas d'avoir raison.
- Il n'y a de bon dans l'homme que ses jeunes sentiments et ses vieilles pensées.
- Il ne faut choisir pour épouse que la femme qu'on choisirait pour ami, si elle était homme.
- Il y a bien un droit du plus sage, mais non pas un droit du plus fort.
- Il y a des livres plus utiles par l'idée qu'on s'en fait que par la connaissance qu'on en prend.
- Imitez le temps. Il détruit tout avec lenteur. Il mine, il use, il déracine, il détache et il n'arrache pas.
- J'ai de la peine à quitter la ville parce qu'il faut me séparer de mes amis ; et de la peine à quitter la campagne parce qu'alors, il faut me séparer de moi.
- L'âme du diamant est la lumière.
- L'attention de celui qui écoute sert d'accompagnement dans la musique du discours.
- L'erreur agite ; la vérité repose.
- L'espérance est un emprunt fait au bonheur.
- L'esprit conçoit avec douleur, mais il enfante avec délices.
- L'imagination est l'œil de l'âme.
- La justice sans force, et la force sans justice : malheurs affreux.
- La musique a sept lettres, l'écriture a vingt cinq notes.
- La pensée se forme dans l'âme comme les nuages se forment dans l'air.
- La peur tient à l'imagination, la lâcheté au caractère.
- La poésie n'est utile qu'aux plaisirs de notre âme.
- La pudeur a inventé les ornements.
- La république est le seul remède aux maux de la monarchie et la monarchie est le seul remède aux maux de la république.
- La sagesse est la force des faibles.
- La vieillesse n'ôte à l'homme d'esprit que des qualités inutiles à la sagesse. Il semble que, pour certaines productions de l'esprit, l'hiver du corps soit l'automne de l'âme.
- Le ciel est pour ceux qui y pensent.
- Le corps est la baraque où notre existence est campée.
- Le génie est l'aptitude de voir les choses invisibles, de remuer les choses intangibles, de peindre les choses qui n'ont pas de traits.
- Le goût est la conscience littéraire de l'âme.
- Le soir de la vie apporte avec soi sa lampe.
- Les bons mouvements ne sont rien, s'ils ne deviennent des bonnes actions.
- Les écrivains qui ont de l'influence ne sont que des hommes qui expriment parfaitement ce que les autres pensent, et qui réveillent dans les esprits des idées ou des sentiments qui tendaient à éclore.
- Les enfants tourmentent et persécutent tout ce qu'ils aiment.
- Les meilleures lois naissent des usages.
- Les vertus religieuses ne font qu'augmenter avec l'âge; elles s'enrichissent de la ruine des passions et de la perte des plaisirs.
- N'est pas heureux qui veut l'être.
- Nos moments de lumière sont des moments de bonheur ; quand il fait clair dans notre esprit, il y fait beau.
- Nous respectons malgré nous ceux que nous voyons respectés.
- On aime plus les qualités ; on estime davantage les vertus.
- On n'est guère malheureux que par réflexion.
- On ne pense plus au visage de la femme dont on voit le corps nu.
- On ne persuade aux hommes que ce qu'ils veulent.
- On ne sait ce qu'on voulait dire que lorsqu'on l'a dit.
- Penser à Dieu est une action.
- Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil.
- Quand on a accoutumé les esprits à des idées de crime, on y accoutume bientôt les moeurs.
- Quand on applique la sévérité où il ne faut pas, on ne sait plus l'appliquer où il faut.
- Quand on se souvient d'un beau vers, d'un beau mot, d'une belle phrase, c'est toujours dans l'air qu'on les lit ; on les voit devant soi, les yeux semblent les lire dans l'espace. On ne les imagine point sur la feuille où ils sont collés.
- Quand tu donnes, donne avec joie et en souriant.
- Quand une fois on a goûté au suc des mots, l'esprit ne peut plus s'en passer. On y boit la pensée.
- Recevoir les bienfaits de quelqu'un est une manière plus sûre de se l'attacher, que de l'obliger lui-même.
- Rien ne rapetisse l'homme comme les petits plaisirs.
- Savoir, c'est voir en soi.
- Tout ce qui est exact est court.
- Tout luxe corrompt ou les mœurs ou le goût.
- Tout s'apprend, même la vertu.
- Un rêve est la moitié d'une réalité.
- Une pensée n'est parfaite que lorsqu'elle est disponible, c'est-à-dire lorsqu'on peut la détacher et la placer à volonté.
Pensées, maximes et essais
- Ce qui est ingénieux est bien près d'être vrai.
- Ce qui étonne, étonne une fois, mais ce qui est admirable est de plus en plus admiré.
- Ceux qui ne rétractent jamais s'aiment plus que la vérité.
- En politique, il faut toujours laisser un os à ronger aux frondeurs.
- Il faut que les hommes soient les esclaves du devoir, ou les esclaves de la force.
- La pitié est au cœur ce que la poésie est à l'imagination.
- Le but n'est pas toujours placé pour être atteint, mais pour servir de point de mire.
- Les lieux meurent comme les hommes, quoiqu'ils paraissent subsister.
- Si l'on y prend garde, on est porté à condamner les malheureux.
Correspondances
Lettres
- Ce qu'est leur cristal aux fontaines, un verre à nos pastels, leur vapeur aux paysages, la pudeur l'est à la beauté.
Lettre à Monsieur de Fontanes (5 Novembre 1794)
- Achetez et lisez les livres faits par les vieillards, qui ont su y mettre l'originalité de leur caractère et de leur âge.
Attribuées
- Ce qui étonne, étonne une fois, mais ce qui est admirable est de plus en plus admiré.
- Enseigner, c'est apprendre deux fois.
- Il faut, quand on agit, se conformer aux règles, et quand on juge avoir égard aux exceptions.
- Il n'appartient qu'à la tête de réfléchir, mais tout le corps a de la mémoire.
- Il vaut mieux qu'il y ait beaucoup de dupes que beaucoup de fripons.
- Il y a des gens qui n'ont de la morale qu'une pièce. C'est une étoffe dont ils ne se font jamais l'habit.
- L'amitié est une plante qui doit résister aux sécheresses.
- L'art est l'habileté réduite en théorie.
- La Bible est l'Iliade de la religion.
- La liberté est un tyran qui est gouverné par ses caprices.
- La parole entraîne, l'exemple enseigne.
- La raison peut nous avertir de se qu'il faut éviter, le cœur seul nous dit ce qu'il faut faire.
- Le son du tambour dissipe les pensées ; c'est par cela même que cet instrument est éminemment militaire. Extrait de Cahiers
- Le sot est en deçà de la vérité, le fou est au-delà.
- Les Français sont des jeunes gens toute leur vie.
- Les passions sont aux sentiments ce que la pluie est la rosée, ce que l'eau est à la vapeur.
- Les poètes doivent être la grande étude du philosophe qui veut connaître l'homme.
- On peut, à force de faire confiance, mettre quelqu'un dans l'impossibilité de nous tromper.
- Pédagogie. Porter en soi et avec soi cette indulgence qui fait fleurir les pensées d'autrui.
- Quand je regarde l'histoire, j'y vois des heures de liberté et des siècles de servitude.
- S'il est un homme tourmenté par la maudite ambition de mettre tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase, et tout une phrase dans un mot, c'est moi.
- Toutes les vérités seraient bonnes à dire si on les disait ensemble.
- Trois choses sont nécessaires pour faire un bon livre : le talent, l'art et le métier, c'est à dire la nature, l'industrie et l'habitude.
- Un grand livre est un livre où l'on peut mettre beaucoup de choses.
- Une pensée est une chose aussi réelle qu'un boulet de canon.