Citations - Claude Roy
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Claude Roy (1915 - 1997), journaliste, écrivain et poète canadien.
Œuvres
Les rencontres des jours
- À sociétés sans pitié, romans impitoyables.
- Aime-toi, le ciel t'aimera.
- Aucun doute : la seule façon vraiment intéressante de faire de la musique (ou de la littérature, ou de la peinture, ou du cinéma) c'est celle de maître Wang et de maître Nabokov : ne pas faire semblant, mais faire renaître, ou naître...
- C'est parfois trop demander, vouloir être aimé pour soi-même.
- C'est une grande vertu, dont tous les humains ne sont peut-être pas capables, de pouvoir souffrir de se croire mal-aimé et d'en vouloir punir celui qu'on soupçonne d'être mal-aimant.
- Ce qu'on apprend d'important, il y a toujours le moment où on s'aperçoit qu'on le savait depuis toujours.
- Ce qui caractérise la différence entre le voyageur, espèce qui fut toujours rare et le demeure, et le touriste, c'est que le touriste ne cesse de pester contre le touriste. Les touristes, bien entendu, ce sont toujours les autres.
- Ces intelligents très stupides, qui comprennent tout, sauf qu'ils ne comprennent rien d'essentiel.
- Comme tout le monde, je crois, j'ai rêvé, je rêve parfois de la formule décisive, de ces mots entre les mots qui seraient les mots de la fin et la fin des mots.
- Depuis que je n'attends rien il arrive à chaque instant ce que je n'attendais pas.
- Dis-moi Qu'as-tu choisi ?
Qu'est-ce que tu veux garder ?
Que veux-tu conserver dans la tirelire à temps
dans ton léger trésor d'instants sauvés ?
- Écrire pour communiquer le résultat d'une réflexion. Ou écrire pour parvenir à comprendre ce qu'on ne comprenait pas.
- Écrire pour démontrer est ennuyeux, écrire pour se montrer est dérisoire : il faudrait n'écrire que pour dire.
- Essaie de te souvenir qu'on ne possède pas la raison. Ne pas discuter pour avoir raison, mais pour être, pour devenir raison. Ne pas avoir l'avantage, mais savoir davantage.
- Est-ce que le génie, dans l'exil ou la paix, ce ne serait pas de pouvoir garder l'étonnement, qui ne prend jamais l'habitude ?
- Est-ce une éclipse ? Est-ce la fin ?
Comment savoir à quoi peut ressembler l'absence
dont on entend parler depuis le tout début ?
Faut-il fermer les yeux ? Ne plus prêter l'oreille ?
Qui nous préviendra que la fin est venue ?
Tu étais là Tu n'y es plus Tu oublies d'être
Tu oublieras d'avoir été.
- Il est atteint de certitudes et d'arthrose de la pensée.
- Il faudrait essayer de ne pas accorder trop de réalité à la réalité. Le monde a grand besoin que nous doutions un peu de son existence.
- Il ne lit pas pour écouter les pensées des autres mais pour imposer silence aux siennes.
- Il y a les grands sentiments, les passions, l'amour, la haine, l'angoisse, la joie, la mort, l'illumination. Et puis il y a être vexé.
- Il y a mieux encore que le calme de la solitude : la présence silencieuse de l'être aimé, tout près. On est seul, en sachant qu'on pourrait ne pas l'être.
- « J'ai mon idée là-dessus. » Il croit en effet la posséder, cette idée, en avare inquiet.
- Je doute parfois de l'existence de l'Enfer, mais la lecture des journaux me guérit de cette incrédulité-là.
- Je ne demande pas seulement votre parole, mais votre silence aussi. Entendre derrière les mots ce qui n'est pas dit.
- L'amour c'est aussi cette façon d'être deux à ne pas être ensemble, distance qu'il ne faut pas nier, mais savoir reconnaître.
- [...] L'amour qui réchauffe et vivifie, n'est pas celui qui brûle et consume.
- L'ennui est un avertissement, qu'on n'écoute jamais trop.
- L'esprit, c'est comme l'argent : on en a en général au dépens d'autrui.
- L'expérience enseigne ce qu'elle a oublié d'enseigner quand il était encore temps.
- La faute de français anémie une langue.
- [...] La passion d'amour n'a pas besoin pour brûler à haute flamme de la présence réelle.
- La peur est une maladie. Qui peut désapprouver quelqu'un d'être malade ?
- Le bonheur de l'âge, c'est de se laisser glisser doucement du rôle d'acteur au poste de spectateur.
- Le mal ce n'est pas de ne pas tenir ses promesses : c'est d'abord d'avoir fait des promesses impossibles à tenir.
- Le profit du voyage, c'est de découvrir ce qui demeure en place quand on ne reste pas en place. Le plaisir du voyage, ce sont les mille et un balanciers différents que les hommes ont inventés pour se tenir en équilibre sur le fil de la vie.
L'ennui, c'est que peu de voyageurs voyagent. Ils se déplacent et se font transporter, tout au plus.
- Le temps porte conseil : en général celui de ne rien faire.
- Le Tout ne serait-il que l'envers du Rien ?
Mais le Rien est peut-être un autre nom du Tout ?
Qui a parlé ? C'est moi peut-être
ou bien personne ou bien celui
qui passe qui s'éloigne et qui déjà se tait.
- Le travail de l'écrivain, c'est de relier. Pas seulement de relier un lecteur à un auteur, une œuvre à un public, et dans le cas de très grandes voix, une parole à un peuple, et un peuple par une parole. Relier, c'est aussi établir une communication ou une corrélation qui n'avaient été, au mieux, qu'entrevues et pressenties.
- [...] le savoir ne réside pas seulement dans les livres, les laboratoires, les fiches, mais dans et par l'amitié, celle des hommes, celles des bêtes et des étoiles.
- Les écrivains n'ont qu'une excuse, écrire les livres qu'ils avaient envie de lire.
- Les littératures sont les témoins de l'impatience humaine : elles inventent des lois avant même qu'on ait pu entrevoir les lois de la nature.
- Les ornithologues sont ces grandes personnes qui passent leur vie à faire tout ce qu'on leur a défendu de faire quand ils étaient petits. Ils ont tout le temps le nez et la tête en l'air ; ils écoutent on ne sait qui et on ne sait quoi au lieu d'écouter les personnes importantes [...]
- Ma bibliothèque est comme un tonneau, au choix à moitié vide ou à moitié pleine. Je la regarde heureux, en savourant tout ce qui me reste à lire. Ou malheureux, en me disant que je ne vivrai sûrement pas assez longtemps pour avoir tout lu.
- Mais qui est vraiment avec nous ? Seulement ceux qu'on aime.
- Ne te presse pas : cela oppresse.
- On est plus détendu en rêve qu'éveillé : le rêveur n'a pas d'idées fixes.
- On meurt plus facilement d'un trop plein d'idées trop claires, plutôt que d'un excès d'idées trop embrouillées.
- On se fait à tout, même à soi.
- Pourquoi j'aime écrire des poèmes :
Parce que pour qu'un poème surgisse il faut avoir fait le silence et le lisse en soi, et que déjà cela est bon.
[...] Et que c'est une façon presque décente et convenable de communiquer.
- Savoir est bon. Mais savoir où ranger son savoir pour le retrouver, cela est excellent.
- Se souvenir simultanément que chaque être est unique au monde et que des milliards et des milliards sont exactement comme nous.
- Si pur, si certain, il n'avait même plus l'ombre d'un doute : il périt d'une insolation de certitudes.
- Toutes ces pensées qui n'ont personne pour les penser.
- Un homme atteint de certitudes aiguës.
- Une idée m'est venue. J'aurais aimé savoir d'où.