Citations - Antonin Artaud
Un article de Famous Quotes, la ressource libre de citations.
Antonin Artaud (1896 - 1948), écrivain et poète français.
Œuvres
À la grande nuit ou le Bluff surréaliste
- Toute matière commence par un dérangement spirituel.
Ci-gît
- Tout vrai langage est incompréhensible.
De colère et de haine
- Le monde en ébullition est enfer perpétuel, guerre sempiternelle jamais achevée pour vivre dans cet état de genèse, temps des hommes tous guerriers et héros.
Héliogabale ou l'Anarchiste couronné
- Avoir le sens de l'unité profonde des choses, c'est avoir le sens de l'anarchie, et de l'effort à faire pour réduire les choses en les ramenant à l'unité.
- Dans la matière, il n'y a pas de dieux. Dans l'équilibre, il n'y a pas de dieux. Les dieux sont nés de la séparation des forces et ils mourront de leur réunion.
- Je sais bien que le plus petit élan d'amour vrai nous rapproche beaucoup plus de Dieu que toute la science que nous pouvons avoir de la création et de ses degrés.
- L'absolu n'a besoin de rien. Ni de dieu, ni d'ange, ni d'homme, ni d'esprit, ni de principe, ni de matière, ni de continuité.
- La poésie, c'est de la multiplication broyée et qui rend des flammes.
- On gagne l'amour par la conscience d'abord, et par la force de l'amour après.
- Les Nombres, c'est-à-dire les degrés de la vibration.
L'ombilic des limbes
- Je souffre que l'Esprit ne soit pas dans la vie et que la vie ne soit pas dans l'Esprit...
- Là où d'autre propose des œuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit.
- La vie est de brûler des questions.
Le bilboquet
- La vérité de la vie est dans l'impulsivité de la matière. L'esprit de l'homme est malade au milieu des concepts.
La coquille et le clergyman
- La peau humaine des choses, le derme de la réalité, voilà avec quoi le cinéma joue d'abord.
Le théâtre et son double
- C'est par la peau qu'on fera rentrer la métaphysique dans les esprits.
- Sans un élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n'est pas possible.
- Un théâtre qui soumet la mise en scène et la réalisation, c'est-à-dire tout ce qu'il y a en lui de spécifiquement théâtral, au texte est un théâtre d'idiot, de fou, d'inverti, de grammairien, d'épicier, d'anti-poète et de positiviste, c'est-à-dire d'Occidental.
Les Cenci
- Ce qui distingue les forfaits de la vie de ceux du théâtre, c'est que dans la vie on fait plus et on dit moins, et qu'au théâtre on parle beaucoup pour faire une toute petite chose.
Les Nouvelles Révélations de l'être
- L'obsession des femmes est vitale, elle correspond à un besoin de vertu.
Pour en finir avec le jugement de Dieu
- Là où ça sent la merde
ça sent l'être.
Revue 84 (#16)
- Je n'ai jamais rien étudié, mais tout vécu et cela m'a appris quelque chose.
Sorcellerie et Cinéma
- [...] Ce fantastique dont on s'aperçoit toujours plus qu'il est en réalité tout le réel, [...]
Supplément au Voyage au Pays des Tarahumaras
- Ce refus imbécile de s'avancer jusqu'aux idées.
Suppôts et supplications
- S'il est difficile de vivre, il devient de plus en plus impossible et inefficace de mourir.
Van Gogh ou le suicidé de la société
- La médecine est née du mal, si elle n'est pas née de la maladie et si elle a, au contraire, provoqué et créé de toutes pièces le malade pour se donner une raison d'être.
- Nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer.
- Qui ne sent pas la bombe cuite et le vertige comprimé n'est pas digne d'être vivant.
Vie et mort de Satan le Feu
- L'histoire des peuples est l'histoire de la trahison de l'unité.
Média
Entrevue radiophonique
- Les asiles d'aliénés sont des receptacles de magie noire, conscients et prémédités. Et ce n'est pas seulement que les médecins favorisent la magie par leur thérapeutique qu'ils raffinent, c'est qu'ils en font. S'il n'y avait pas de médecins, il n'y aurait pas de malades, car c'est par les médecins, et non par les malades, que la société a commencé. Ceux qui vivent, vivent des morts, et il faut aussi que la mort vive... Il n'y a rien comme un asile d'aliénés pour couver doucement la mort, et tenir en couveuse les morts. Cela a commencé 4000 ans avant J.C., cette technique thérapeutique de la mort longue. Et la médecine moderne, complice en cela de la plus sinistre et crapuleuse magie, passe ces morts à l'électrochoc ou à l'insulinothérapie, afin de bien, chaque jour, vider ces haras d'hommes de leur moi, et de les présenter, ainsi vides, ainsi fantastiquement disponibles et vides, aux obscènes sollicitations anatomiques et atomiques de l'état appelé « bardot ». Livraison du barda de vivre aux exigences du non-moi. Le Bardot est l'astre de mort par lequel le moi tombe en flasque, et il y a, dans l'électrochoc, un état flasque, par lequel passe tout traumatisé. Ce qui lui donne non plus à cet instant de connaître, mais affreusement et désespérément méconnaître ce qu'il fut quand il était soi. J'y suis passé et ne l'oublierai pas.
Correspondances
Lettre (7 septembre 1945)
- Je ne suis né que de ma douleur.
Lettre (17 septembre 1945)
- Les gens sont bêtes. La littérature vidée. Il n'y a plus rien ni personne, l'âme est insane, il n'y a plus d'amour, plus même de haine, tous les corps sont repus, les consciences résignées. Il n'y a même plus l'inquiétude qui a passé dans le vide des os, il n'y a plus qu'une immense satisfaction d'inertes, de bœufs d'âme, de serfs de l'imbécillité qui les opprime et avec laquelle ils ne cessent nuit et jour de copuler, de serfs aussi plats que cette lettre où j'essaie de manifester mon exaspération contre une vie menée par une bande d'insipides qui ont voulu à tous imposer leur haine de la poésie, leur amour de l'inéptie bourgeoise dans un monde intégralement embourgeoisé, avec tous les ronronnements verbaux des soviets, de l'anarchie, du communisme, du socialisme, du radicalisme, des républiques, des monarchies, des églises, des rites, des rationnements, des contingentements, du marché noir, de la résistance.
Lettre (20 septembre 1945)
- Je ne commanderai pas à mes désirs et à mes envies, mais je ne veux pas non plus qu'ils me conduisent, je veux être ces désirs et ces envies.
- On n'a pas le droit d'écrire comme cela, un poème qui est hors du cœur, hors de l'affre et du sanglot cœur, un poème qui n'a pas été souffert comme:
Dites-moi où, dans quel pays
Est Flora la belle Romaine,
La royne Blanche comme un lys
Qui chantait à voix de sirène.
Lettre (22 septembre 1945)
- J'aime [...] les poèmes des suppliciés du langage qui sont en perte dans leurs écrits, et non de ceux qui s'affectent perdus pour mieux étaler leur science et de la perte et de l'écrit. [...] Tout ce qui n'est pas un tétanos de l'âme ou ne vient pas d'un tétanos de l'âme comme les poèmes de Charles Baudelaire ou d'Edgar Allan Poe n'est pas vrai et ne peut être reçu dans la poésie.
Lettre (6 octobre 1945)
- Si je suis poète ou acteur ce n'est pas pour écrire ou pour déclamer des poésies, mais pour les vivre [...] Je veux que les poèmes de François Villon, de Charles Baudelaire, d'Edgar Allan Poe ou de [[Gérard de Nerval] deviennent vrais et que la vie sorte des livres.
Lettre (9 octobre 1945)
- Avec moi c'est l'absolu ou rien, et voilà ce que j'ai à dire à ce monde qui n'a ni âme ni agar-agar.
Lettre à André Breton (14 septembre 1937)
- On ne nie bien que dans le concret.
Lettre à André Rolland (8 avril 1933)
- Il faut plus de vertu à l'acteur furieux pour ne pas accomplir réellement un crime, qu'il ne faut de courage à l'assassin pour parvenir à réaliser le sien.
Lettre à Jacques Rivière (6 juin 1924)
- Il ne faut pas trop se hâter de juger les hommes, il faut leur faire crédit jusqu'à l'absurde, jusqu'à la lie.
Lettre à Jean Paulhan (12 septembre 1932)
- Le bien est voulu, il est le résultat d'un acte, le mal est permanent.
Lettre à Léon Daudet (26 avril 1931)
- L'esprit a tendance à se délivrer du palpable pour arriver à ses fins.
Lettre à Mme Allendy (19 avril 1929)
- Il faut suivre la foule pour la diriger. Lui tout céder pour tout lui reprendre.
Lettre à Steve Passeur (13 décembre 1931)
- Le tricheur est celui qui corrige le sort, donc le réel : c'est un mystique en son genre.
Lettres de Rodez
- Toute humanité veut vivre, mais elle ne veut pas payer le prix et ce prix est le prix de la mort.
Attribuées
- L’humour c’est l’eau de l’au-delà mêlée au vin d’ici-bas.
- Le théâtre c'est en réalité la genèse de la création.
- Nous avons moins besoin d'adeptes actifs que d'adeptes bouleversés.
- Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre tout cela.
- Quand je lève les yeux vers vous on dirait que le monde tremble.
- Qui n'a été terrifié par cette idée qu'il allait un jour oublier sa vie ?
- Seuls l'homme et la femme qui peuvent se rejoindre au-dessus de toute sexualité sont forts.