Citations - Albert Camus

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Albert Camus (1913 - 1960), écrivain français.

Sommaire

Œuvres

Caligula

  • Il n'y a qu'une façon de s'égaler aux dieux : il suffit d'être aussi cruel qu'eux.

Carnets

  • Trois ans pour faire un livre, cinq lignes pour le ridiculiser et des citations fausses.

L'envers et l'endroit

  • À la fin d'une vie, la vieillesse revient en nausées. Tout aboutit à ne plus être écouté.
  • Camus parle des heures de travail :
    [...] Ces heures contre lesquelles nous protestons si fort et qui nous défendent si sûrement contre la souffrance d'être seul.
  • [...] Ce qui compte c'est d'être humain et simple. Non, ce qui compte, c'est d'être vrai et alors tout s'y inscrit, l'humanité et la simplicité. Et quand donc suis-je plus vrai que lorsque je suis le monde ? Je suis comblé avant d'avoir désiré. L'éternité est là et moi je l'espérais. Ce n'est plus d'être heureux que je souhaite maintenant, mais seulement d'être conscient.
  • En art, tout vient simultanément ou rien ne vient ; pas de lumières sans flammes. Préface
  • Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit. Préface
  • Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre.
  • [...] Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes.
  • [...] Il s'est tué parce qu'un ami lui a parlé distraitement.
  • Il y a une solitude dans la pauvreté, mais une solitude qui rend son prix à chaque chose.
  • [...] Je ne sais pas posséder. [...] je suis avare de cette liberté qui disparaît dès que commence l'excès des biens. Le plus grand des luxes n'a jamais cessé de coïncider pour moi avec un certain dénuement. Préface
  • L'écrivain a, naturellement, des joies pour lesquelles il vit et qui suffisent à le combler. Mais, pour moi, je les rencontre au moment de la conception, à la seconde où le sujet se révèle, où l'articulation de l'œuvre se dessine devant la sensibilité soudain clairvoyante, à ces moments délicieux où l'imagination se confond tout à la fois avec l'intelligence.
  • [...] L'envie, véritable cancer des sociétés et des doctrines. Préface
  • La mort pour tous, mais à chacun sa mort. Après tout, le soleil nous chauffe quand même les os.
  • La vie est courte et c'est péché de perdre son temps. Je suis actif, dit-on. Mais être actif, c'est encore perdre son temps, dans la mesure où l'on se perd. Aujourd'hui est une halte et mon cœur s'en va à la rencontre de lui-même. Si une angoisse encore m'étreint, c'est de sentir cet impalpable instant glisser entre mes doigts comme les perles de mercure. Laissez donc ceux qui veulent tourner le dos au monde. Je ne me plains pas puisque je me regarde naître. À cette heure, tout mon royaume est de ce monde.
  • Les jeunes ne savent pas que l'expérience est une défaite et qu'il faut tout perdre pour savoir un peu.
  • Mais c'est curieux tout de même comme nous vivons parmi des gens pressés.
  • Mais il n'y a pas de limites pour aimer et que m'importe de mal étreindre si je peux tout embrasser.
  • N'être plus écouté : c'est cela qui est terrible lorsqu'on est vieux.
  • Se faire écouter était son seul vice [...]
  • Si la solitude existe, ce que j'ignore, on aurait bien le droit, à l'occasion, d'en rêver comme d'un paradis. Préface
  • Soudain il découvre ceci que demain sera semblable, et après-demain, tous les autres jours. Et cette irrémédiable découverte l'écrase. Ce sont des pareilles idées qui vous font mourir. Pour ne pouvoir les supporter, on se tue - ou si l'on est jeune, on en fait des phrases.
  • [...] Une œuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert. Préface

L'État de siège

  • Dieu nie le monde, et moi je nie Dieu ! Vive rien puisque c'est la seule chose qui existe!
  • [...] On ne peut pas bien vivre en sachant que l'homme n'est rien et que la face de Dieu est affreuse.

L'Été

  • Il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer.
  • Je lisais mon âge sur des visages que je reconnaissais sans pouvoir les nommer. Je savais seulement que ceux-là avaient été jeunes avec moi, et qu'ils ne l'étaient plus.
  • [...] La force et la violence sont des dieux solitaires. Ils ne donnent rien au souvenir.

L'Étranger

  • Je n'ai jamais aimé être surpris. Quand il m'arrive quelque chose, je préfère être là.
  • L'absurdité est surtout le divorce de l'homme et du monde.
  • [...] On n'est jamais tout à fait malheureux.
  • On se fait toujours des idées exagérées de ce qu'on ne connaît pas.
  • [...] Un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenir pour ne pas s'ennuyer.
  • Mais tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.

L'homme révolté

  • J'ai choisi la justice, pour rester fidèle à la terre. Je continue à croire que ce monde n'a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens, et c'est l'homme, parce qu'il est le seul être à exiger d'en avoir.
  • L'avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu.
  • L'agonie serait légère si elle n'était soutenue par l'espoir éternel. Pour que le dieu soit un homme, il faut qu'il désespère.
  • L'homme est la seule créature qui refuse d'être ce qu'elle est.
  • La révolte est une ascèse, quoique aveugle. Si le révolté blasphème alors, C'est dans l'espoir d'un nouveau Dieu. Il s'ébranle sous le choc du premier et du plus profond des mouvements religieux, mais il s'agit d'un mouvement religieux déçu.
  • La seule règle qui soit originale aujourd'hui : apprendre à vivre et à mourir, et pour être homme, refuser d'être Dieu.

La Chute

  • Il faut se choisir un maître, Dieu n'étant plus à la mode.
  • [...] La seule divinité raisonnable, je veux dire le hasard.
  • On croit mourir pour punir sa femme et on lui rend la liberté.
  • S'il est un domaine où la modestie devrait être la règle, n'est-ce pas la sexualité, avec tout ce qu'elle a d'imprévisible ?

La peste

  • Ce qui est naturel, c'est le microbe. Le reste, la santé, l'intégrité, la pureté, si vous voulez, c'est un effet de la volonté et d'une volonté qui ne doit jamais s'arrêter. L'honnête homme, celui qui n'infecte presque personne, c'est celui qui a le moins de distraction possible.
  • Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime.
  • C'est au moment du malheur qu'on s'habitue à la vérité, c'est-à-dire au silence.
  • Il a l'air de vivre sur cette idée, pas si bête d'ailleurs, qu'un homme en proie à une grande maladie, ou à une angoisse profonde, est dispensé du même coup de toutes les autres maladies ou angoisses.
  • [...] Il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul.
  • [...] Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser.
  • [...] L'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même.
  • [...] La défaite définitive [est] celle qui termine les guerres et fait de la paix elle-même une souffrance sans guérison.
  • [...] La joie est une brûlure qui ne se savoure pas.
  • [...] La souffrance profonde de tous les prisonniers et de tous les exilés [...] est de vivre avec une mémoire qui ne sert à rien.
  • Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée.
  • Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes actions. Mais s'il n'est pas capable d'un grand sentiment, il ne m'intéresse pas.
  • Mais il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort. L'instituteur le sait bien. Et la question n'est pas de savoir quelle est la récompense ou la punition qui attend ce raisonnement. La question est de savoir si deux et deux, oui ou non, font quatre.
  • [...] On croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête.
  • On se fatigue de la pitié quand la pitié est inutile.
  • [...] Personne n'est capable réellement de penser à personne, fût-ce dans le pire des malheurs. Car penser réellement à quelqu'un, c'est y penser minute après minute, sans être distrait par rien, ni les soins du ménage, ni la mouche qui vole, ni les repas, ni une démangeaison. Mais il y a toujours des mouches et des démangeaisons. C'est pourquoi la vie est difficile à vivre.
  • Peut-on être un saint sans Dieu, c'est le seul problème concret que je connaisse.
  • [...] Puisque l'ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu'on ne croie pas en lui et qu'on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel où il se tait.
  • Rien au monde ne vaut qu'on se détourne de ce qu'on aime. Et pourtant je m'en détourne, moi aussi, sans que je puisse savoir pourquoi.
  • [...] Rien n'est moins spectaculaire qu'un fléau et, par leur durée même, les grands malheurs sont monotones.
  • [...] S'il est une chose qu'on puisse désirer toujours et obtenir quelquefois, c'est la tendresse humaine.
  • [...] Un amour n'est jamais assez fort pour trouver sa propre expression.
  • Une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt.

Le mythe de Sisyphe

  • À partir du moment où elle est reconnue, l'absurdité est une passion, la plus déchirante de toutes.
  • Car devant Dieu, il y a moins un problème de liberté qu'un problème du mal. On connaît l'alternative : ou nous ne sommes pas libres et Dieu tout-puissant est responsable du mal. Ou nous sommes libres et responsables, mais Dieu n'est pas tout-puissant.
  • [...] Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir.
  • [...] Ceux qu'un grand amour détourne de toute vie personnelle s'enrichissent peut-être, mais appauvrissent à coup sûr ceux que leur amour a choisis.
  • Collectionner, c'est être capable de vivre de son passé.
  • [...] Comprendre c'est avant tout unifier.
  • Créer, c'est ainsi donner une forme à son destin.
  • De toutes les gloires, la moins trompeuse est celle qui se vit.
  • [...] En vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout.
  • Il est toujours aisé d'être logique. Il est presque impossible d'être logique jusqu'au bout.
  • Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie.
  • Il vient toujours un temps où il faut choisir entre la contemplation et l'action. Cela s'appelle devenir un homme.
  • Je veux savoir si je puis vivre avec ce que je sais et avec cela seulement.
  • L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde.
  • L'œuvre d'art naît du renoncement de l'intelligence à raisonner le concret.
  • La fécondité et la grandeur d'un genre se mesurent souvent au déchet qui s'y trouve. Le nombre de mauvais romans ne doit pas faire oublier la grandeur des meilleurs.
  • La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
  • La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie.
  • [...] Les grandes révolutions sont toujours métaphysiques.
  • Nous finissons toujours par avoir le visage de nos vérités.
  • Nous prenons l'habitude de vivre avant d'acquérir celle de penser. Dans cette course qui nous précipite tous les jours un peu plus vers la mort, le corps garde cette avance irréparable.
  • Pour un homme sans œillères, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence avec une réalité qui la dépasse.
  • Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup ?
  • Si le monde était clair, l'art ne serait pas.
  • Sur le plan de l'intelligence, je puis donc dire que l'absurde n'est pas dans l'homme (si une pareille métaphore pouvait avoir un sens), ni dans le monde, mais dans leur présence commune.
  • Un destin n'est pas une punition.
  • [...] Un exemple n'est pas forcément un exemple à suivre [...]
  • Un geste comme [le suicide] se prépare dans le silence du cœur au même titre qu'une grande œuvre.
  • Un homme est plus un homme par les choses qu'il tait que par celles qu'il dit.
  • [...] Un homme est toujours la proie de ses vérités.
  • Une attitude saine comprend aussi des défauts.
  • Une seule certitude suffit à celui qui cherche.
  • Vivre, c'est faire vivre l'absurde.
  • Vouloir, c'est susciter les paradoxes.

Les Justes

  • [...] C'est cela l'amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour.
  • C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre.
  • C'est tuer pour rien, parfois, que de ne pas tuer assez.
  • Il y a quelque chose de plus abject encore que d'être un criminel, c'est de forcer au crime celui qui n'est pas fait pour lui.
  • Imaginez Dieu sans les prisons. Quelle solitude !
  • J'ai compris qu'il ne suffisait pas de dénoncer l'injustice. Il fallait donner sa vie pour la combattre.
  • [L'honneur] est la dernière richesse du pauvre.
  • La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre.
  • Pour se suicider, il faut beaucoup s'aimer. Un vrai révolutionnaire ne peut pas s'aimer.
  • Que voulez-vous, je ne m'intéresse pas aux idées, moi, je m'intéresse aux personnes.
  • Tout le monde ment. Bien mentir, voilà ce qu'il faut.
  • Vivre est une torture puisque vivre sépare.

Lettres à un ami allemand

  • [...] L'héroïsme est peu de chose, le bonheur est plus difficile.
  • Qu'est-ce que l'homme ? [...] Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les dieux.

Noces

  • Car les mythes sont à la religion ce que la poésie est à la vérité, des masques ridicules posés sur la passion de vivre.
  • Il me suffit d'apprendre patiemment la difficile science de vivre qui vaut bien tout leur savoir-faire.
  • J'aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l'orgueil de ma condition d'homme.
  • Rien n'est plus vain que de mourir pour un amour. C'est vivre qu'il faudrait.
  • Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde.
  • Il y a un temps pour vivre et un temps pour témoigner de vivre.
  • Il vient toujours un moment où l'on a trop vu un paysage, de même qu'il faut longtemps avant qu'on l'aie assez vu.
  • Bien pauvres sont ceux qui ont besoin de mythes.

Attribuées

  • Aujourd'hui, sans aucun doute, la liberté est la valeur la plus calomniée.
  • L'Art et la Révolte ne mourront qu'avec le dernier homme.
  • Dans l'épreuve quotidienne, la révolte joue le même rôle que le cogito dans l'ordre de la pensée.
  • Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur.
  • Je transforme en règle de vie ce qui etait invitation à la mort et je refuse le suicide.
  • L'absurde, c'est la raison lucide qui constate ses limites.
  • L'élève, comme la rivière, aimerait suivre son cours tout en restant dans son lit...
  • L'histoire n'est que l'effort désespéré des hommes pour donner corps aux plus clairvoyants de leurs rêves.
  • La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
  • [Inscrit sur le premier monument français dédié aux victimes de l'amiante, à Condé-sur-Noireau dans le Calvados]
    L'angoisse de la mort est un luxe qui touche beaucoup plus l'oisif que le travailleur asphyxié par sa propre tâche.
  • Là où la lucidité règne, l'échelle de valeurs est inutile.
  • La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.
  • Le nihiliste n'est pas celui qui ne croit à rien, mais celui qui ne croit pas à ce qui est.
  • Le plus grand style en art est l'expression de la plus haute révolte.
  • Parler de ce qu'on ignore finit par vous l'apprendre.
  • Qu'est-ce que le bonheur sinon l'accord vrai entre un homme et l'existence qu'il mène?
  • Se déclarer innocent, hardiesse toujours impossible à l'homme seul.
  • Tout le malheur des hommes vient de l'espérance.
  • Un homme a toujours deux caractères : le sien et celui que sa femme lui prête.
  • Un journal, c'est la conscience d'une nation.
  • Ne marche pas devant moi, je ne suivrais peut'être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut'être pas. Marche juste à côté de moi et sois mon ami.
  • Entre la Justice et ma mère, je choisi ma mère.