Citations - Alain Bosquet

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Alain Bosquet (1919 - 1998), poète, romancier, traducteur et critique littéraire français d’origine russe.

Sommaire

Œuvres

Interview 70

  • Chacun éprouve le même drame : il ne sait au juste qui il pourrait être. Parfois, il décide qu'il a trouvé. Il se met une identité : une camisole de force. Un uniforme d'amiral : ça finit par s'incruster sous la peau.
  • Je n'ai jamais voulu connaître ma ville natale. Heureux qui n'a pas de lieu de naissance : il peut naître où il veut. Et aussi quand cela lui chante.
  • Je suis un spécialiste des abîmes.
  • Mes livres, il se peut que quelqu'un d'autre les ait écrits. Je les ai trouvés sous le porche d'une église, comme jadis les nouveau-nés indésirables.
  • Nos vies sont inutiles, trouées, impalpables : notre seule volupté consiste à nous en improviser une autre.
  • Tout être est un univers. Si vous préférez, une cité de globules, de muscles, de gestes et de pensées qui bougent sans qu'on puisse en saisir le sens.
  • Toute souffrance équivaut à une inspiration. D'une douleur on tire un livre.

La fable et le fouet

  • Apprends avant toute chose l'interrogation : elle tempère l'émerveillement.
  • Désigné comme préfet de Police, j'ai mobilisé cinquante équipes de jeunes gens courageux et décidés. Nous avons détruit à coups de hache un million de téléviseurs dans la région parisienne. Les citoyens ont réappris à lire les poètes et à contempler l'éclosion des jonquilles.
  • J'écris pour me débarrasser de moi. J'écris pour mieux me connaître. Entre ces deux extrêmes, la vérité titube, de plus en plus ivre.
  • Je suis la somme des livres que j'ai lus. Ce n'est pas si simple : je suis aussi la somme des livres que j'ai refusé de lire.
  • L'amour excessif de Dieu implique la haine de l'homme.
  • Mes mots ne valent rien s'ils ne sont à la fois silex, velours, flamme et rosée.
  • Pendant plusieurs années, je me suis demandé comment on doit corriger notre démocratie. A présent, je me demande comment on doit la remplacer.
  • Pourquoi voulez-vous que Dieu soit mort ? J'affirme qu'il n'est pas encore né.
  • Une vie : cinq pour cent de rage, deux pour cent de volupté, et tout le reste est brouillard.

Le verbe est un navire

  • Fleuris tes abîmes : tu ne possèdes pas d'autres demeures.
  • Je ne sais pas ce qu'est l'inspiration : je ne connais que le désir du changement et de la métamorphose.
  • Je vends des arcs-en-ciel dans les pays où il ne pleut jamais.
  • L'écriture est une délivrance qui, phrase après phrase, mot après mot, devient un esclavage.
  • Le mariage est la rencontre de deux miroirs, l'un grossissant et l'autre amaigrissant.
  • N'écoutez que votre inconscience : elle seule peut vous offrir des fruits qui chantent et des neiges qui soudain, en plein vol, se transforment en pélicans.
  • On en est là : les peuples exigent de leur télévision qu'elle les protège des intellectuels.