Citations - Nicolas-Sébastien Roch, dit Chamfort

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Nicolas-Sébastien Roch, dit Chamfort (1741 - 1794), écrivain et moraliste français.

Sommaire

Œuvres

Maximes et pensées

  • À égalité d'esprit et de lumière, l'homme né riche ne doit jamais connaître, aussi bien que le pauvre, la nature, le coeur humain et la société. C'est que dans le moment où l'autre plaçait une jouissance, l'autre se consolait par une réflexion.
  • À mesure que la philosophie fait des progrès, la sottise redouble ses efforts pour établir l'empire des préjugés.
  • Amitié de cour, foi de renards, et société de loups.
  • Amour, folie aimable ; ambition, sottise sérieuse.
  • Au lieu de vouloir corriger les hommes de certains travers insupportables à la société, il aurait fallu corriger la faiblesse de ceux qui les souffrent.
  • Avoir des liaisons considérables, ou même illustres, ne peut plus être un mérite pour personne, dans un pays où l'on plaît souvent par ses vices, et où l'on est quelquefois recherché pour ses ridicules.
  • C'est à l'amour maternel que la nature a confié la conservation de tous êtres ; et pour assurer aux mères leur récompense, elle l'a mise dans les plaisirs, et même dans les peines attachées à ce délicieux sentiment.
  • C'est par notre amour-propre que l'amour nous séduit ; hé ! Comment résister à un sentiment qui embellit à nos yeux ce que nous avons, nous rend ce que nous avons perdu et nous donne ce que nous n'avons pas ?
  • Ce n'est pas tout d'être aimé, il faut être apprécié, et on ne peut l'être que par ce qui nous ressemble. De là vient que l'amour n'existe pas, ou du moins ne dure pas, entre des êtres dont l'un est trop inférieur à l'autre.
  • Célébrité : l'avantage d'être connu de ceux qui ne vous connaissent pas.
  • Celui qui est juste au milieu, entre notre ennemi et nous, nous paraît être plus voisin de notre ennemi. C'est un effet des lois de l'optique, comme celui par lequel le jet d'eau d'un bassin paraît moins éloigné de l'autre bord que de celui où vous êtes.
  • Celui qui ne sait point recourir à propos à la plaisanterie, et qui manque de souplesse dans l'esprit, se trouve très souvent placé entre la nécessité d'être faux ou d'être pédant, alternative fâcheuse à laquelle un honnête homme se soustrait, pour l'ordinaire, par de la grâce et de la gaieté.
  • Dans certaines amitiés passionnées, on a le bonheur des passions et l'aveu de la raison par-dessus le marché.
  • Dans l'ordre naturel comme dans l'ordre social, il ne faut pas vouloir être plus qu'on ne peut.
  • Dans les grandes choses, les hommes se montrent comme il leur convient de se montrer; dans les petites, ils se montrent comme ils sont.
  • Des qualités trop supérieures rendent souvent un homme moins propre à la société. On ne va pas au marché avec des lingots ; on y va avec de l'argent ou de la petite monnaie.
  • En fait de mariage, il n'y a de reçu que ce qui est sensé, et il n'y a d'intéressant que ce qui est fou. Le reste est un vil calcul.
  • En fait de sentiments, ce qui peut-être évalué n'a pas de valeur.
  • En serait-il des sentiments du coeur comme des bienfaits ? Quand on n'espère plus pouvoir les payer, on tombe dans l'ingratitude.
  • Grâce à la passion des femmes, il faut que l'homme le plus honnête soit ou un mari, ou un sigisbée ; ou un crapuleux, ou un impuissant.
  • Il en est de la valeur des hommes comme celle des diamants, qui a une certaine mesure de grosseur, de pureté, de perfection, ont un prix fixe et marqué, mais qui, par-delà cette mesure, restent sans prix, et ne trouvent point d'acheteurs.
  • Il est impossible de vivre dans le monde sans jouer de temps en temps la comédie.
  • Il est plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer.
  • Il faudrait pouvoir unir les contraires, l'amour de la vertu avec l'indifférence pour l'opinion publique, le goût du travail avec l'indifférence pour la gloire, et le soin de sa santé avec l'indifférence pour la vie.
  • Il faut convenir qu'il est impossible de vivre dans le monde, sans jouer de temps en temps la comédie. Ce qui distingue l'honnête homme du fripon, c'est de ne la jouer que dans les cas forcés, et pour échapper au péril, au lieu que l'autre va au-devant des occasions.
  • Il faut être juste avant d'être généreux, comme on a des chemises avant d'avoir des dentelles.
  • Il faut qu'un honnête homme ait l'estime publique sans y avoir pensé, et pour ainsi dire, malgré lui. Celui qui l'a cherchée donne sa mesure.
  • Il faut savoir faire les sottises que nous demande notre caractère.
  • Il n'y a pas d'homme qui puisse être, à lui tout seul, aussi méprisable qu'un corps. Il n'y a point de corps qui puisse être aussi méprisable que le public.
  • Il n'y a personne qui ait plus d'ennemis dans le monde qu'un homme droit, fier et sensible, disposé à laisser les personnes et les choses pour ce qu'elles sont, plutôt qu'à les prendre pour ce qu'elles ne sont pas.
  • Il ne faut pas ne savoir vivre qu'avec ceux qui peuvent nous apprécier ; mais il faut ne placer le fond de sa vie habituelle qu'avec ceux qui peuvent sentir ce que nous valons.
  • Il semble que l'amour ne cherche pas les perfections réelles ; on dirait qu'il les craint. Il n'aime que celles qu'il crée, qu'il suppose ; il ressemble à ces rois qui ne reconnaissent de grandeurs que celles qu'ils ont faites.
  • Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue, est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre.
  • Il y a dans le monde bien peu de choses sur lesquelles un honnête homme puisse reposer agréablement son âme ou sa pensée.
  • Il y a des hommes chez qui l'esprit n'est qu'un talent par lequel ils semblent dominés, qu'ils ne gouvernent pas, et qui n'est point aux ordres de leur raison.
  • Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vêtus.
  • ll y a deux choses auxquelles il faut se faire, sous peine de trouver la vie insupportable : ce sont les injures du temps et les injures des hommes.
  • Il y a, entre l'homme d'esprit, méchant par caractère, et l'homme d'esprit, bon et honnête, la différence qui se trouve entre un assassin et un homme du monde qui fait bien des armes.
  • Il y a la prudence de l'aigle et celle des taupes.
  • Il y a peu de vices qui empêchent un homme d'avoir beaucoup d'amis, autant que peuvent le faire de trop grandes qualités.
  • Il y a plus de fous que de sages, et dans le sage même, il y a plus de folie que de sagesse.
  • Il y a telle supériorité, telle prétention qu'il suffit de ne pas reconnaître pour qu'elle soit anéantie, telle autre qu'il suffit de ne pas apercevoir pour la rendre sans effet.
  • Il y a une sorte de plaisir attaché au courage qui se met au-dessus de la fortune. Mépriser l'argent, c'est détrôner un roi. Il y a du ragoût.
  • Jamais, on n'a vu marcher ensemble la gloire et le repos.
  • Je ne conçois pas de sagesse sans défiance. L'Écriture a dit que le commencement de la sagesse était la crainte de Dieu ; moi, je crois que c'est la crainte des hommes.
  • L'ambition prend aux petites âmes plus facilement qu'aux grandes, comme le feu prend plus aisément à la paille, aux chaumières qu'aux palais.
  • L'âme, lorsqu'elle est malade, fait précisément comme le corps : elle se tourmente et s'agite en tous sens, mais finit par trouver un peu de calme. Elle s'arrête enfin sur le genre de sentiments et d'idées le plus nécessaire à son repos.
  • L'amitié extrême et délicate est souvent blessée du repli d'une rose.
  • L'amour est comme les maladies épidémiques. Plus on les craint, plus on y est exposé.
  • L'amour est un commerce orageux qui finit toujours par une banqueroute ; et c'est la personne à qui on fait banqueroute qui est déshonorée.
  • L'amour est un sentiment qui, pour paraître honnête, a besoin de n'être composé que de lui-même, de ne vivre et de ne subsister que par lui.
  • L'amour le plus honnête ouvre l'âme aux petites passions. Le mariage ouvre votre âme aux petites passions de votre femme, à l'ambition, à la vanité...
  • L'amour, tel qu'il existe dans la société, n'est que l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes.
  • L'esprit n'est souvent au cœur que ce que la bibliothèque d'un château est à la personne du maître.
  • L'état de courtisan est un métier dont on a voulu faire une science. Chacun cherche à se hausser.
  • L'état de mari a cela de fâcheux que le mari qui a le plus d'esprit peut être de trop partout, même chez lui, ennuyeux sans ouvrir la bouche, et ridicule en disant la chose la plus simple.
  • L'expérience, qui éclaire les particuliers, corrompt les princes et les gens en place.
  • L'honnête homme, détrompé de toutes les illusions, est l'homme par excellence.
  • L'importance sans mérite obtient des égards sans estime.
  • L'indécence, le défaut de pudeur sont absurdes dans tout système : dans la philosophie qui jouit, comme dans celle qui s'abstient.
  • L'indécision, l'anxiété sont à l'esprit et à l'âme ce que la question est au corps.
  • L'influence qu'exerce sur notre âme une idée morale, contrastante avec des objets physiques et matériels, se montre dans bien des occasions ; mais on ne la voit jamais mieux que quand le passage est rapide et imprévu. Promenez-vous sur le boulevard, le soir : vous voyez un jardin charmant, au bout duquel est un salon, illuminé avec goût. Vous entrevoyez des groupes de jolies femmes, des bosquets, et, entre autres, une allée fuyante où vous entendez rire : ce sont des nymphes ; vous en jugez par leur taille svelte, etc. Vous demandez quelle est cette femme, et on vous répond : « C'est Mme de B..., la maîtresse. » Il se trouve par malheur que vous la connaissez, et le charme a disparu.
  • L'opinion est la reine du monde, parce que la sottise est la reine des sots.
  • La calomnie est une guêpe qui vous importune et contre laquelle il ne faut faire aucun mouvement, à moins qu'on ne soit sûr de la tuer, sans quoi elle revient à la charge, plus furieuse que jamais.
  • La célébrité, c'est l'avantage d'être connu de ceux qui ne vous connaissent pas.
  • La conviction est la conscience de l'esprit.
  • La facilité est le plus beau don de la nature, à la condition qu'on en use jamais.
  • La fausse modestie est le plus décent de tous les mensonges.
  • La fortune est souvent comme les femmes riches et dépensières, qui ruinent les maisons où elles ont apporté une riche dot.
  • La meilleure philosophie, relativement au monde, est d'allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l'indulgence du mépris.
  • La nature ne m'a point dit : « Ne soit point pauvre » ; encore moins : « Sois riche » ; mais elle me crie : « Sois indépendant ».
  • La pensée console de tout et remédie à tout.
  • La philosophie, ainsi que la médecine a beaucoup de drogues, très peu de bons remèdes, et presque point de spécifiques.
  • La pire de toutes les mésalliances est celle du cœur.
  • La plupart des amitiés sont hérissées de « si » et de « mais » et aboutissent à de simples liaisons, qui subsistent à force de malentendus.
  • La plupart des faiseurs de recueils de vers ou de bons mots ressemblent à ceux qui mangent des cerises ou des huîtres, choisissant d'abord les meilleurs et finissant par tout manger.
  • La plupart des folies ne viennent que de sottises.
  • La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri.
  • [...] La récompense de ces actions est dans le coeur de celui qui les a faites. Il semble qu'en nous les payant, on nous les ôte.
  • La sottise ne serait pas tout à fait la sottise, si elle ne craignait pas l'esprit. Le vice ne serait pas tout à fait le vice, s'il ne haïssait pas la vertu.
  • Le changement de modes est l'impôt que l'industrie du pauvre met sur la vanité du riche.
  • Le divorce est si naturel que, dans plusieurs maisons, il couche toutes les nuits entre deux époux.
  • Le grand malheur des passions n'est pas dans les tourments qu'elles causent, mais dans les fautes, dans les turpitudes qu'elles font commettre, et qui dégradent l'homme.
  • Le mariage, tel qu'il se pratique chez les grands, est une indécence convenue.
  • Le moment où l'on perd les illusions, les passions de la jeunesse, laisse souvent des regrets ; mais quelquefois on hait le prestige qui nous a trompé.
  • Le monde physique paraît l'ouvrage d'un être puissant et bon, qui a été obligé d'abandonner à un être malfaisant l'exécution d'une partie de son plan. Mais le monde moral paraît être le produit des caprices d'un diable devenu fou.
  • Le philosophe, se portant pour un être qui ne donne aux hommes que leur valeur véritable, il est fort simple que cette manière de juger ne plaise à personne.
  • Le philosophe qui veut éteindre ses passions ressemble au chimiste qui voudrait éteindre son feu.
  • Le premier des dons de la nature est cette force de raison qui vous élève au-dessus de vos propres passions et de vos faiblesses, et qui vous fait gouverner vos qualités mêmes, vos talents et vos vertus.
  • Le principe de toute société est de se rendre justice à soi-même et aux autres. Si l'on doit aimer son prochain comme soi-même, il est au moins aussi juste de s'aimer comme son prochain.
  • Le public ne croit point à la pureté de certaines vertus et de certains sentiments ; et, en général, le public ne peut guère s'élever qu'à des idées basses.
  • Le public ne s'intéresse qu'aux succès qu'il n'estime pas.
  • Le tact, c'est le bon goût appliqué au maintien et à la conduite ; le bon ton, c'est le bon goût appliqué aux discours et à la conversation.
  • Le temps a fait succéder dans la galanterie le piquant du scandale au piquant du mystère.
  • Le théâtre tragique a le grand inconvénient moral de mettre trop d'importance à la vie et à la mort.
  • Les conversations ressemblent aux voyages qu'on fait sur l'eau : on s'écarte de la terre sans presque le sentir, et l'on s'aperçoit qu'on a quitté le bord et que quand on est déjà bien loin.
  • Les favoris, les hommes en place mettent quelquefois de l'intérêt à s'attacher des hommes de mérite, mais ils en exigent un avilissement préliminaire qui repousse loin d'eux tous ceux qui ont quelque pudeur.
  • Les gens faibles sont les troupes légères de l'armée des méchants. Ils font plus de mal que l'armée même. Ils infestent et ils ravagent.
  • Les hommes qu'on ne connaît qu'à moitié, on ne les connaît pas ; les choses qu'on ne sait qu'aux trois quarts, on ne les sait pas du tout. Ces deux réflexions suffisent pour faire apprécier presque tous les discours qui se tiennent dans le monde.
  • Les maximes générales sont dans la conduite de la vie ce que les routines sont dans les arts.
  • Les méchants font quelquefois de bonnes actions. On dirait qu'ils veulent voir s'il est vrai que cela fasse autant de plaisir que le prétendent les honnêtes gens.
  • Les naturalistes disent que, dans toutes les espèces animales, la dégénération commence par les femelles. Les philosophes peuvent appliquer au moral cette observation, dans la société civilisée.
  • Les parlements, académies, assemblées ont beau se dégrader, ils se soutiennent par leur masse, et on ne peut rien contre eux. Le déshonneur, le ridicule glissent sur eux, comme les balles de fusil sur un crocodile.
  • Les passions font vivre l'homme, la sagesse le fait seulement durer.
  • Les trois quarts des folies ne sont que des sottises.
  • Les vers ajoutent de l'esprit à la pensée de l'homme qui en a quelquefois assez peu ; et c'est ce qu'on appelle talent.
  • Lorsqu'on a pénétré le fond des choses, la perte des illusions amène la mort de l'âme, c'est-à-dire un désintéressement complet sur tout ce qui touche et occupe les autres hommes.
  • Lorsqu'on brise le joug de l'opinion, c'est rarement pour s'élever au-dessus, mais presque toujours pour descendre au-dessous.
  • N'as-tu pas honte de vouloir être philosophe plus que tu ne peux ?
  • Ne tenir dans la main de personne, être l'homme de son cœur, de ses principes, de ses sentiments, c'est ce que j'ai vu de plus rare.
  • Notre raison nous rend quelquefois aussi malheureux que nos passions ; et on peut dire de l'homme, quand il est dans ce cas, que c'est un malade empoisonné par son médecin.
  • On anéantit son propre caractère dans la crainte d'attirer les regards et l'attention, et on se précipite dans la nullité pour échapper au danger d'être peint.
  • On dit communément qu'on s'attache par ses bienfaits. C'est une bonté de la nature. Il est juste que la récompense de bien faire soit d'aimer.
  • On dit qu'il faut s'efforcer de retrancher tous les jours de nos besoins. C'est surtout aux besoins de l'amour-propre qu'il faut appliquer cette maxime. Ce sont les plus tyranniques, et qu'on doit le plus combattre.
  • On fausse son esprit, sa conscience, sa raison, comme on gâte son estomac.
  • On marie les femmes avant qu'elles soient rien et qu'elles puissent rien être. Un mari n'est qu'une espèce de manoeuvre qui tracasse le corps de sa femme, ébauche son esprit et dégrossit son âme.
  • On ne connaît pas du tout l'homme qu'on ne connaît pas très bien ; mais peu d'hommes méritent qu'on les étudie. De là vient que l'homme d'un vrai mérite doit avoir en général peu d'empressement d'être connu.
  • On s'effraie des partis violents ; mais ils conviennent aux âmes fortes, et les caractères vigoureux se reposent dans l'extrême.
  • On serait trop malheureux si, auprès des femmes, on se souvenait le moins du monde de ce qu'on sait par cœur.
  • On souhaite la paresse d'un méchant et le silence d'un sot.
  • Peut-être faut-il avoir senti l'amour pour bien connaître l'amitié.
  • Plus un diamant est beau, plus il faut que la monture soit légère. Plus le chaton est riche, moins le diamant est en évidence.
  • Préjugé, vanité, calcul, voilà ce qui gouverne le monde. Celui qui ne connaît pour règle de sa conduite que raison, vérité, sentiment, n'a presque rien de commun avec la société. C'est en lui-même qu'il doit chercher et trouver presque tout son bonheur.
  • Qu'est-ce qu'un fat sans fatuité ? Ôtez les ailes à un papillon, c'est une chenille.
  • Qu'est-ce qu'un philosophe ? C'est un homme qui oppose la nature à la loi, la raison à l'usage, sa conscience à l'opinion, et son jugement à l'erreur.
  • Quand on soutient que les gens les moins sensibles sont, à tout prendre, les plus heureux, je me rappelle le proverbe italien « Il vaut mieux être assis que debout, être couché qu'assis ; mais il vaut mieux être mort que tout cela. »
  • Quand on veut devenir philosophe, il ne faut pas se rebuter des premières découvertes affligeantes qu'on fait dans la connaissance des hommes. Il faut, pour les connaître, triompher du mécontentement qu'ils donnent, comme l'anatomiste triomphe de la nature, de ses organes et de son dégoût, pour devenir habile dans son art.
  • Quel est donc cet instinct moral qui apprend à l'homme sans éducation, que la récompense de ces actions est dans le coeur de celui qui les a faites ? Il semble qu'en nous les payant, on nous les ôte.
  • Question : Pourquoi ne donnez-vous plus rien au public ?
    [...] C'est que j'ai à travailler et que les succès perdent du temps.
    [...] C'est que j'aime mieux l'estime des honnêtes gens, et mon bonheur particulier que quelques éloges, quelques écus, avec beaucoup d'injures et de calomnies.
    [...] C'est que jamais, comme dit Bacon, on n'a vu marcher ensemble la gloire et le repos.
  • Si l'on veut se faire une idée de l'amour-propre des femmes dans leur jeunesse, qu'on en juge par celui qui leur reste, après qu'elles ont passé l'âge de plaire.
  • Si les singes avaient le talent des perroquets, on en ferait volontiers des ministres.
  • Soyez aussi aimable, aussi honnête qu'il est possible, aimez la femme la plus parfaite qui se puisse imaginer ; vous n'en serez pas moins dans le cas de lui pardonner ou votre prédécesseur ou votre successeur.
  • Toutes les passions sont exagératrices, et elles ne sont des passions que parce qu'elles exagèrent.
  • Un acte de vertu, un sacrifice ou de ses intérêts ou de soi-même, est le besoin d'une âme noble, l'amour-propre d'un coeur généreux, est, en quelque sorte, l'égoïsme d'un grand caractère.
  • Un homme amoureux, qui plaint l'homme raisonnable, me paraît ressembler à un homme qui lit des contes de fées, et qui raille ceux qui lisent l'histoire.
  • Un homme raisonnable ne peut agir sans motif.
  • Un homme sage en même temps qu'honnête se doit à lui-même de joindre à la pureté qui satisfait sa conscience, la prudence qui devine et prévient la calomnie.
  • Une âme fière et honnête, qui a connu les passions fortes, les fuit, les craint, dédaigne la galanterie ; comme l'âme qui a senti l'amitié, dédaigne les liaisons communes et les petits intérêts.
  • Une des meilleures raisons qu'on puisse avoir de ne se marier jamais, c'est qu'on n'est pas tout à fait la dupe d'une femme, tant qu'elle n'est point la vôtre.
  • Vain veut dire vide ; ainsi la vanité est si misérable qu'on ne peut guère lui dire pis que son nom. Elle se donne elle-même pour ce qu'elle est.
  • Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage toutes les treize heures. C'est un palliatif. La mort est le remède.

Pensées, maximes et anecdotes

  • Le divorce est si naturel que, dans beaucoup de maisons, il couche toutes les nuits entre les époux.

Pensées morales

  • Les premiers sujets de chagrin m'ont servi de cuirasse contre les autres.

Petits dialogues philosophiques

  • - J'ai fait comme les gens sages, quand ils font un sottise.
    - Que font-ils ?
    - Ils remettent la sagesse à une autre fois.
  • - M. de R... parle mal de vous.
    - Dieu a mis le contrepoison de ce qu'il peut dire, dans l'opinion qu'on a de ce qu'il peut faire.
  • - Pourquoi n'avez-vous rien dit quand on a parlé de M... ?
    - Parce que j'aime mieux que l'on calomnie mon silence que mes paroles.
  • - Si vous faites cela, je ne vous le pardonnerai jamais.
    - Parbleu ! c'est bien ce que j'espère.
  • - Vous avez trop mauvaise opinion des hommes ; il se fait beaucoup de bien.
    - Le diable ne peut pas être partout.
  • - Vous marierez-vous ?
    - Non.
    - Pourquoi ?
    - Parce que je serais chagrin.
    - Pourquoi ?
    - Parce que je serais jaloux.
    - Et pourquoi seriez-vous jaloux ?
    - Parce que je serais cocu.
    - Qui vous a dit que vous seriez cocu ?
    - Je serais cocu, parce que je le mériterais.
    - Et pourquoi le mériteriez-vous ?
    - Parce que je me serais marié.

Attribuées

  • Apprendre à mourir ! Et pourquoi donc ? On y réussit très bien la première fois !
  • Ce que j'ai appris, je ne le sais plus. Le peu que je sais encore, je l'ai deviné.
  • Dans la solitude, on pense aux choses, dans le monde on est forcé de penser aux hommes.
  • Dans le monde tout tend à me faire descendre, dans la solitude tout tend à me faire monter.
  • Donner est un plaisir plus durable que recevoir, car celui des deux qui donne est celui qui se souvient le plus longtemps.
  • En fait de sentiments, ce qui peut être évalué n'a pas de valeur.
  • En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin  !
  • En vivant et en voyant les hommes, il faut que le cœur se brise ou se bronze.
  • Il faut être juste avant d'être généreux, comme on a des chemises avant d'avoir des dentelles.
  • Il n'y a d'histoire digne d'attention que celle des peuples libres.
  • Il n'y a que l'inutilité du premier déluge qui empêche Dieu d'en envoyer un second.
  • Il y a des femmes qui trouvent à se vendre et qui ne trouveraient pas à se donner !
  • J'ai renoncé à l'amitié de deux hommes, l'un parce qu'il ne m'a jamais parlé de lui, l'autre parce qu'il ne m'a jamais parlé de moi. Cité dans Le mensonge amoureux ~ Robert Blondin
  • L'espérance n'est qu'un charlatan qui nous trompe sans cesse ; et, pour moi, le bonheur n'a commencé que lorsque je l'ai eu perdu.
  • L'homme me paraît plus corrompu par sa raison que par ses passions.
  • L'importance sans mérite obtient des égards sans estime.
  • La conviction est la conscience de l'esprit.
  • La sagesse fait durer, les passions font vivre.
  • La société est divisée en deux classes : ceux qui ont plus de dîners que d'appétit et ceux qui ont plus d'appétit que de dîners.
  • Le gouvernement despotique est un ordre de choses où le supérieur est vil et l'inférieur avili.
  • Plus on juge, moins on aime.
  • Quand on a la lanterne de Diogène, il faut avoir son bâton.
  • Quiconque détruit un préjugé, un seul préjugé, est un bienfaiteur du genre humain.
  • Savoir dire non et savoir vivre seul, sont les deux seuls moyens de conserver sa liberté et son caractère.
  • Si tu es soupçonné d'une faute que tes juges aient pu commettre, tu es un homme perdu.
  • Tout homme qui à quarante ans n'est pas misanthrope n'a jamais aimé les hommes. (Sacha Guitry pastichera cette citation en remplaçant misanthrope et hommes par misogyne et femmes.)