Citations - Henri-Frédéric Amiel
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Henri-Frédéric Amiel (1821 - 1881), philosophe, poète et critique suisse.
Œuvres
Journal Intime
10 février 1846
- Respecter dans chaque homme l'« homme », sinon celui qu'il est, au moins celui qu'il « pourrait » être, qu'il « devrait » être.
- Un paysage quelconque est un état de l'âme.
5 mai 1846
- Le devoir est la nécessité volontaire.
16 décembre 1847
- Chaque vie fait son destin.
31 octobre 1852
- Un paysage quelconque est un état de l'âme.
26 décembre 1852
- Revois deux fois pour voir juste, ne vois qu'une pour voir beau.
- Une erreur est d'autant plus dangereuse qu'elle contient plus de vérité.
27 octobre 1853
- Il y a deux degrés d'orgueil : l'un où l'on s'approuve soi-même ; l'autre où l'on ne peut s'accepter. Celui-ci est probablement le plus raffiné.
31 mars 1857
- Ce que l'homme redoute le plus, c'est ce qui lui convient.
24 septembre 1857
- Nous ne sommes jamais plus mécontents des autres que lorsque nous sommes mécontents de nous. La conscience d'un tort nous rend impatients, et notre cœur rusé querelle au-dehors pour s'étourdir au-dedans.
25 novembre 1861
- L'inachevé n'est rien.
4 décembre 1863
- Si nationalité, c'est contentement. État, c'est contrainte.
20 juin 1865
- La joie intense : se recueillir et se taire. Parler, c'est disperser.
6 janvier 1866
- La misère me fait plus peur que la solitude, parce qu'elle est l'humiliation et l'abaissement, et que celle-ci est seulement l'ennui ou la tristesse.
20 janvier 1866
- Le dégoût est une chose curieuse. Il fait prendre en grippe jusqu'à la raison et au bon sens, par antipathie pour la vulgarité.
24 janvier 1866
- Les vilains caractéres aiment à déprimer le prochain et s'en font un devoir, presque une vocation.
13 février 1866
- Le mariage tel qu'il est est une singulière chose, mais après tout, on n'a encore rien trouvé de mieux.
12 juillet 1866
- Les poètes célibataires sont une peste publique ; ils troublent, sans le savoir et le vouloir, tous les cœurs féminins sans emploi.
- On estime beaucoup les femmes bonnes, mais sans esprit [...] mais on finit par bâiller auprès d'elles.
28 février 1866
- La femme nue est belle une fois sur vingt, et trois ans sur soixante et dix. C'est-à-dire qu'il y a quatre cent soixante-dix à parier contre un qu'en photographiant une femme sans voile on fait une indécence, sans arriver à un effet esthétique.
6 septembre 1866
- Dis-moi de quoi tu te piques et je te dirai ce que tu n'est pas.
- L'inconstance perd tout, en ne laissant mûrir aucune semence.
8 septembre 1866
- L'honnête homme est celui qui ne se pique de rien.
13 septembre 1866
- La plus légère économie de mauvaise humeur a son prix.
20 septembre 1866
- On se lasse d'être quarante ans dans sa propre compagnie; on finit par se subir comme un ennui et se traîner comme un boulet.
27 septembre 1866
- L'héroïsme est un luxe qui n'est pas à la portée des faibles et des gens de petite foi.
23 décembre 1866
- Il y a dix hommes en moi, suivant les temps, les lieux, l'entourage et l'occasion.
26 décembre 1868
- Plus on aime, plus on souffre. La somme des douleurs possibles pour chaque âme est proportionnelle à son degré de perfection.
6 décembre 1870
- Le beau est supérieur au sublime parce qu'il est permanent et ne rassasie pas; tandis que le sublime est relatif, passager et violent.
29 décembre 1871
- Avant de donner un conseil, il faut l'avoir fait accepter, ou mieux, l'avoir fait désirer.
- Il est dangereux de se laisser aller à la volupté des larmes ; elle ôte le courage et même, la volonté de guérir.
23 mai 1873
- [La France] a toujours cru qu'une chose dite était une chose faite.
dernière page
- Que vivre est difficile, ô mon cœur fatigué!
non datés
- Apparu, disparu, c'est toute l'histoire d'un homme, comme celle d'un monde et celle d'un infusoire.
- L'imagination est la faculté qui donne du relief, de l'éclat, du mordant à la pensée : par elle, l'expression se concentre, se colore, et se trempe ; en individualisant ce qu'elle touche, elle le vivifie et le consacre.
- L'indifférence morale est la maladie des gens cultivés.
- L'intérêt personnel n'est que la prolongation en nous de l'animalité ; l'humanité ne commence dans l'homme qu'avec le désintéressement.
- La foi est trop souvent le contraire de la bonne foi, et l'homme de foi ressemble alors, à s'y méprendre, à l'homme sans foi.
- Le mariage doit être une éducation mutuelle et infinie.
- La vie sans poésie et la vie sans infini, c'est comme un paysage sans ciel : on y étouffe.
- Le charme : ce qui dans les autres nous rend plus contents de nous-mêmes.
- Le vrai nom du bonheur, c'est le contentement.
- Mille choses avancent ; neuf cent quatre-vingt-dix-neuf reculent : c'est là le progrès.
- On comprend les femmes comme la langue des oiseaux, d'intuition ou pas du tout.
- Qui veut voir parfaitement clair avant de se déterminer ne se détermine jamais. Qui n'accepte pas le regret n'accepte pas la vie.
Fragment d’un journal intime
- Ce n'est pas ce qu'il a, ni même ce qu'il fait, qui exprime directement la valeur d'un homme : c'est ce qu'il est.
- Il est dangereux de se laisser aller à la volupté des larmes ; elle ôte le courage et même la volonté de guérir.
- La vraie poésie est plus vraie que la science, parce qu'elle est synthétique et saisit dès l'abord ce que la combinaison de toutes les sciences pourra tout au plus atteindre une fois comme résultat.
- Que vivre est difficile, ô mon cœur fatigué !
- Respecter dans chaque homme l’homme, sinon celui qu’il est, au moins celui qu’il pourrait être, qu’il devrait être.
- Si nationalité, c'est contentement, État, c'est contrainte.
- Toute fiction s’expie, et la démocratie repose sur cette fiction légale que la majorité a non seulement la force mais la raison, qu’elle possède la sagesse en même temps que le droit. Fiction dangereuse parce qu’elle est flatteuse. Les masses seront toujours au dessous de la moyenne. D’ailleurs l’âge de la majorité baissera, la barrière du sexe tombera, et la démocratie arrivera à l’absurde en remettant la décision des plus grandes choses aux plus incapables.
31 octobre 1852
- Un paysage quelconque est un état de l'âme.
La part du rêve (1863)
- Roulez tambours, pour couvrir la frontière,
Aux bords du Rhin guidez-nous au combat.
Correspondances
Lettre à Jaques Rivière
- L'approche est toujours plus belle que l'arrivée.
Attribuées
- Aie en ton âme une place pour l'hôte que tu n'attends pas et un autel pour le dieu inconnu.
- Dis-moi ce que tu crois être et je te dirai ce que tu n'es pas.
- Faire aisément ce qui est difficile aux autres, voilà le talent ; faire ce qui est impossible au talent, voilà le génie.
- L'humanité ne commence dans l'homme qu'avec le désintéressement.
- L'influence d'un mot, dit à son heure, n'est elle pas incalculable ?
- La rêverie est le dimanche de la pensée.
- Le bonheur, c'est d'être consolé ; le courage, c'est d'être résigné.
- Le monde est à la volonté bien plus qu'à la sagesse.
- Le philosophe est l'homme à jeun dans l'ébriété universelle.
- Le véritable artiste est celui qui simplifie tout.
- Qu'est-ce qu'un esprit cultivé ? C'est celui qui peut regarder d'un grand nombre de points de vue.
- Savoir vieillir est le chef-d'œuvre de la sagesse et un des chapitres les plus difficiles du grand art de vivre. Cité dans George Sand ou Le scandale de la liberté ~ Joseph Barry